Les paysages naissent du pinceau. Il n’y a pas de plan, pas d’intention. Une tache de couleur. Un motif revenant sous la couche qui le recouvre. Il faut s’en saisir. En accentuer la présence, recomposer à partir de ce point offert. Il arrive que, préalablement, je pose une ligne qui partagera en deux la peinture. Je la marque à la craie noire ou rouge, la laissant ensuite s’effacer, salir les couleurs posées de part et d’autre. Parfois je la conserve, comme un fil fragile. Ce qui me relie aux mille et mille peintres qui m’ont précédée.
Les paysages naissent de la couleur. Des verts, des gris, des rouges. Je creuse dans dans la matière.
Je pourrais m’enfermer dans l’atelier, créer un immense paysage, y marcher, me perdre.
Peindre, écrire, la même façon de tourner autour d’une inaptitude, de chercher l’aventure au-dedans de soi. Le café de 5 heures du matin, c’est la ligne fragile qui sépare la nuit du jour, qui met le corps debout, dans cet état de tension indispensable à la création.
« L’œuvre n’existe, en définitive, que menacée. Elle n’est que le terme de cette longue suite d’impossibilités d’être autre chose : cent toiles tuées sous elle la poussent vers la vie. » Jean Bazaine Le temps de la peinture
