fatiguer le papier

Au troisième jour de ce second séjour, je n’ai pas encore allumé la radio, ni la télévision qui m’est si peu familière. La musique que j’ai apportée est restée dans le sac. J’ai ôté la pile de la pendule et le silence n’est troué que par l’activité d’une mouche. Cette fois, un seul livre m’accompagne : le gros volume de notes sur la peinture de Gérard Titus-Carmel publié à l’Atelier Contemporain. Au vif de la peinture, à l’ombre des mots va me nourrir pendant un mois. Il me relie à l’atelier que j’ai laissé, au texte que je tente de bâtir, au mois de mai que j’ai passé ici, et à l’amie Françoise Ascal qui me l’a offert cet été.

Sur la table, les raisins et les pommes se mélangent aux stylos, aux carnets, à la boîte de crayons de couleur. L’automne arrive à petites touches. Pas encore les ors, les roux, les pourpres, mais l’amorti des teintes et la lumière qu’il faut allumer à l’heure du dîner. L’allée dans laquelle j’aime me promener est jonchée de marrons et de glands. La terre est sèche.

Fatiguer le papier, écrit Gérard Titus-Carmel. Que fais-je d’autre ? Le rythme de la main, l’apparition des mots sur la page m’aide à réfléchir. Fabuleux support où déposer ce qui m’obsède et m’émeut, fabuleux outil d’introspection, d’exploration et d’éclaircissement.

Le long sommeil de la première nuit a laissé place aux coutumiers réveils précoces, au café de cinq heures du matin, l’heure des poèmes, de la lente entrée dans le jour.  

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